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Les cochons de Mayrinhac

X: 44.4997649 Y: 2.6379288. Il y avait peu de chance que Tristan tombe par mégarde sur le lieu correspondant à ces coordonnées GPS. Sauf à récolter les fruits du hasard qui fait toujours bien les choses quand on se balade le nez au vent, ouvert à toutes les rencontres, à la recherche des meilleurs produits de France et du monde.

Tristan et Guillaume Méjane en sa Ferme de Mayrinhac (photo : Margot Linol)


La bonne fée s'appelait cette fois Christophe Chaillou, chef du Café Bras, à Rodez. Sur son conseil forcément avisé, Tristan est allé s'attabler dans un autre restaurant de la préfecture de l'Aveyron (pas de concurrence chez les gens qui font bien), la Maison, repaire de bons vivants. Une tournée en entraînant une autre, avec modération, comme il se doit, il a entamé une grande conversation avec un inconnu, Guillaume Méjane (aucun lien de parenté avec l’auteur de ces lignes, ça manque d’accents et de « s »), éleveur avec Pierre, son père. Intrigué, l'homme à la casquette a poussé dès le lendemain jusqu’à Rodelle, à 20 km au sud-ouest de la frontière avec le Parc naturel régional de l’Aubrac, jusqu'à la Ferme de Mayrinhac (X: 44.4997649 Y: 2.6379288).


CONTOUR DU MARCHÉ


Là, il a découvert la « cathédrale » construite par le grand-père de Guillaume, geek de tracteurs, pour abriter les brebis, mais surtout le beau cheptel de porcs, croisés de duroc et large white, mais aussi mangalitza (porcs laineux originaires de Hongrie). Les Méjane ont depuis longtemps tourné le dos à l’élevage intensif qui prévaut majoritairement en France, et ailleurs, ainsi qu’au joug du Marché du porc français (MPF) de Plérin (Bretagne) qui fixe deux fois par semaine les prix, rarement en faveur des éleveurs, pris entre le marteau de l’agro-industrie et l’enclume de la grande distribution. En mai 2025, ce prix était tombé à 1,8 €/kg de carcasse alors que le prix de revient moyen se situe entre 2 et 2,20 €/kg. Les Méjane valorisent beaucoup mieux à travers leur circuit : vente directe, de proximité, quelques restaurateurs (de moins en moins) et c’est tout. La qualité est le prix de la liberté.


Les porcelets croisés duroc et large white à Rodelle (photo : Margot Linol)


FRANCO DE PORC


Sur un vaste domaine, Guillaume et ses dix collaborateurs (« une fierté » qui permet à chacun d’avoir une vie moins contrainte que d’autres éleveurs), cultivent leurs propres céréales, blé, orge, avoine, mais aussi triticale (graminées), pois (légumineuse) ou herbe naturelle pour le foin, sans intrants chimiques. Ils produisent ainsi la quasi totalité de l’alimentation de leurs bêtes, à l’exception d’un peu de tourteau de soja pour l’apport protéique. Les porcs blancs sont élevés au minimum neuf mois, les mangalitza jusqu’à deux ans. Pas plus de 800 par an, la folie des grandeurs n’est pas une option. Des choix et un investissement qui garantissent une viande incomparable, aussi bien en frais qu’en charcuterie (sans sels nitrités ni colorants ni conservateurs). Et sans parler du chou farci, préparé sur place avec des choux cultivés sur la ferme par une maraîchère que les Méjane ont accueilli alors qu’elle ne trouvait pas de terre.


Une économie locale, circulaire et vertueuse, des produits incroyablement bons, il n’en fallait pas plus à Tristan pour ajouter presqu’au débotté la Ferme de Mayrinhac dans la liste de nos producteurs préférés. Qui s’en plaindra ?


"The" chou farci (photo : Tristan Laffontas)

 
 
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