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Les vins de la Maison Trimbach

À Ribeauvillé, au cœur de l’Alsace viticole, la Maison Trimbach cultive depuis près de quatre siècles une idée fixe : la droiture des grands rieslings. Entre Pauline, qui sillonne la France (le monde, elle le laisse ça à son père, Jean, et à sa cousine Anne) pour défendre la maison, et son frère Julien, qui succède en douceur à son oncle Pierre pour ciseler les vins à la vigne comme à la cave, et Frédérique, l'autre fille de Pierre, la treizième génération perpétue un savoir-faire sans fioritures. Au sommet, le mythique Clos Sainte-Hune, parcelle minuscule et vin immense, que les membres du Club Pépites vont avoir le privilège rare d’approcher. La rencontre a eu lieu lors d'un dîner de haut vol à l'Oiseau Blanc (Peninsula Paris), une Envolée Gourmande au cours de laquelle Tristan a découvert le Clos Sainte-Hune et Pauline Trimbach. Rendez-vous fut pris, et rapidement honoré.


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Tristan en visite de la mythique parcelle du Clos Saint-Hune avec Pauline Trimbach (photo : Lucas Chappe)


En se rendant chez eux, on comprend que les Trimbach sont atteints d'une obsession qui frôle la manie : ne jamais se laisser distraire du cap fixé par les générations précédentes. Dans leur fief, à Ribeauvillé, tout respire cette fidélité au fil rouge familial. « On a du riesling dans le sang », lance Pauline dans un sourire communicatif. Porte-parole de la maison, elle passe plus de temps dans les restaurants trois étoiles du monde entier qu’au bureau, défendant bec et ongles cette idée simple : faire des vins de gastronomie, droits, secs, précis, capables d’accompagner la grande cuisine plutôt que de la flatter. Son frère Julien, lui, ne quitte guère les vignes et les caves. Vinificateur méticuleux, il goûte, observe, ajuste, apprend surtout à se méfier de l’impatience. « Quand tu es jeune, tu veux courir dans tous les sens, insiste-t-il. Mais mon père et mon oncle m’ont appris à laisser les vins tranquilles. » La patience, cette qualité que les ceps centenaires du domaine enseignent mieux que quiconque.


UNE HISTOIRE SÉCULAIRE


L’histoire, elle, remonte à 1626. Les hommes et les femmes se sont succédé depuis l’installation des premiers Trimbach à Ribeauvillé, chacune apportant sa pierre à l’édifice. La figure de Frédéric Émile, au tournant du XIXe et du XXe siècle, reste centrale. Diplôme d’honneur décroché à Bruxelles en 1898, notoriété grandissante, vision de grands vins déjà affirmée. Son fils Frédéric Théodore franchira une étape décisive en créant en 1919 la cuvée Clos Sainte-Hune, extraite d’une parcelle familiale chérie depuis des siècles.


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Julien Trimbach dans les vignes familiales (photo : Lucas Chappe)


Julien incarne aujourd’hui cette exigence. Dans ses vignes, pas de gadgets, mais des moutons qui désherbent, des sélections massales plutôt que du clonage, une taille respectueuse des flux de sève pour éviter l’épuisement des pieds. « Un binage vaut deux arrosages », répète-t-il. Il traque les excédents de feuillage, allège les canopées pour laisser circuler l’air, réduire la pression des maladies. En cave, même rigueur : des fermentations sur jus clairs, obtenues grâce à une centrifugeuse qui évite de longues sédimentations nocturnes. Pas de bâtonnage, pas de macérations à rallonge. « Nos terroirs sont déjà expressifs, nos cépages aromatiques, inutile d’en rajouter », confirme-t-il. Le style maison se résume d’un mot : digeste.

DÉFENSE DES VINS D'ALSACE


Pendant ce temps, Pauline parcourt la planète avec des bouteilles dans ses bagages. Elle raconte aux sommeliers new-yorkais ou aux chefs tokyoïtes que le riesling n’est pas synonyme de sucre, qu’en Alsace aussi on sait faire des vins secs, tendus, longilignes. Elle se fâche gentiment contre les Américains qui s’émerveillent devant « le clow sennetune » comme on prononce une incantation, sans imaginer le travail de forçat derrière chaque millésime. Elle explique, encore et encore, que les cuvées mythiques ne se réduisent pas à une étiquette mais naissent de détails accumulés, de centaines de gestes patients, de la sueur des équipes dans les pentes du Rosacker.


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Pauline Trimbach, évangélisatrice du riesling (photo : Lucas Chappe)


Le Clos Sainte-Hune, justement. Un hectare soixante-sept à peine, niché dans le Grand Cru Rosacker, sur ce sol de Muschelkalk, calcaire coquillé truffé de fossiles. Les vieilles vignes y dépassent les soixante ans de moyenne, certaines frôlent le siècle. Ici, tout se fait à la main, à pas de fourmi, avec une obsession : préserver l’équilibre. « C’est le vin qui a toujours le plus d’acidité et d’extraits secs », dit Julien. En clair, de la matière et une tension qui garantissent des décennies de garde. On ne produit que sept mille bouteilles par an, parfois moins, et il arrive que la maison renonce à en sortir si la qualité n’est pas au rendez-vous. Une rareté, une régularité, une légende construite sans artifices. La cuvée n’a jamais revendiqué l’appellation Grand Cru, tant son nom suffit à imposer le respect.


LE BON VIN AU BON MOMENT


Autour de cette parcelle mythique, la maison aligne une gamme impressionnante (environ 1 million de bouteilles par an) : riesling Frédéric Émile (assemblage des Grands Crus Geisberg et Osterberg), pinot gris Réserve Personnelle, gewurztraminer Vendanges Tardives, sans oublier la gamme classique, nette et précise, qui sert de carte d’entrée. Mais l’obsession demeure la même : exprimer le terroir sans fioriture, faire parler le calcaire ou le granit, jouer des acidités comme d’une colonne vertébrale. Et continuer de défendre ce cépage roi, qui représente plus de la moitié de la production du domaine.


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Clos Sainte-Hune 2019, précieuse bouteille entre toutes (photo : Lucas Chappe)


À Ribeauvillé, le temps ne se compte pas en jours de fermentation mais en décennies de patience. La maison a bâti une politique de stocks depuis les années 1970, gardant les millésimes pour les livrer quand ils commencent à s’ouvrir, quitte à commercialiser dans le désordre chronologique. Le vin prime sur le calendrier. « Increvable », glisse Pauline à propos des rieslings, certains quarante ans après leur mise en bouteille.


C’est cette exigence, cette fidélité à une ligne droite à travers les siècles, qui font de la Maison Trimbach l’un des phares de l’Alsace. Les membres du Club Pépites pourront la toucher du doigt, et du palais, en ayant accès, privilège rare, à quelques flacons du Clos Sainte-Hune. Autant dire une invitation à mesurer, verre en main, ce que veut dire le mot héritage.


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